Perspectives   |   8 novembre 2021

Faut-il privilégier la durée en période de hausse des taux?

Revoyons la pensée conventionnelle 

Dans le domaine obligataire, la logique veut qu’en période de reprise de l’économie, les taux d’intérêt doivent augmenter afin de tenir compte des taux de croissance et d’inflation supérieurs. Dans ce contexte, les banques centrales se préparent à relever leurs taux directeurs de manière à prévenir la surchauffe de l’économie. Personne ne connaît le moment exact où les taux seront relevés ni le niveau qu’ils atteindront éventuellement, mais les investisseurs doivent continuellement revoir leurs prévisions. 

L’année 2021 est un cas de figure pour les investisseurs en obligations. Comparativement aux cycles précédents, le cycle actuel progresse beaucoup plus rapidement et le marché obligataire a sans cesse rajusté des prévisions de taux sur la courbe pour tenir compte des attentes de croissance et d’inflation, ainsi que de la trajectoire probable de la politique monétaire. En d’autres mots, nous vivons une année unique en son genre. 

Les banques centrales ont aussi durci le ton et indiqué qu’ils pourraient agir plus vite que prévu. Les investisseurs ont interprété les derniers commentaires de la Banque du Canada dans le sens qu’une hausse des taux surviendrait à un certain moment pendant les deuxième et troisième trimestres de 2022. Les marchés obligataires canadiens sont-ils donc appelés à afficher des rendements négatifs pour l’année? 

L’histoire ne se répète pas, mais… 

Bien que la majorité des gens associe une campagne de hausse des taux à une hausse réelle des taux, il faut souligner que les segments de la courbe ne réagissent pas de la même façon. 

La dynamique du marché obligataire est unique, car différents facteurs influent sur différents segments de la courbe des taux. Certains peuvent augmenter, alors que d’autres évoluent différemment en fonction de l’information qui est communiquée. Un aplanissement de la courbe, par exemple, peut être causé par la hausse des taux à court terme en anticipation d’une augmentation du taux directeur. À l’opposé, le segment à long terme peut aussi rester stable ou baisser du fait du rajustement des prévisions d’inflation à long terme. 

En ce qui concerne les rendements potentiels avant une hausse du taux directeur, le segment à long terme génère des taux de rendement plus élevés et bénéficie indéniablement d’une chute des taux, comparativement aux pressions négatives d’une hausse sur les taux à court terme. Cela s’explique par sa plus grande sensibilité à l’évolution des taux d’intérêt. Puisque plusieurs investisseurs s’efforcent de réduire la durée en se réfugiant dans les obligations à court terme ou en diminuant leur exposition aux obligations afin de protéger leur capital, nombreux sont ceux qui pourraient rater de belles occasions sur le marché. Par le passé, la gestion de la durée s’est souvent révélée un outil très efficace à cette étape du cycle. 

[…]

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Photo Jeff Zweig
Associé, Vice Chair, Chef Capital Naturel (Agriculture et Terres forestières)